Stratégie

Le Japon va accueillir 800 000 travailleurs étrangers qualifiés sur 5 ans

Par Agnès Redon | Le | International

Le Japon s’apprête à augmenter considérablement le nombre d’étrangers dans le cadre du visa de travailleur qualifié et prévoit d’en accueillir jusqu’à 800 000 au cours des cinq prochaines années, a annoncé le gouvernement le 5 avril 2024.

Le Japon prévoit d’accueillir 800 000 travailleurs étrangers qualifiés pour les 5 prochaines années - © D.R.
Le Japon prévoit d’accueillir 800 000 travailleurs étrangers qualifiés pour les 5 prochaines années - © D.R.

Progression du nombre de travailleurs étrangers

  • En accueillant 800 000 travailleurs étrangers qualifiés, c’est-à-dire ayant des compétences spécialisées et une maîtrise de la langue japonaise, ce chiffre correspond à plus du double des 345 150 travailleurs prévus jusqu’à l’exercice 2023 (se terminant en mars).
  • Par ailleurs, en 2023, le nombre de travailleurs étrangers a atteint un nombre record de 2,04 millions, en hausse de 12,4 % par rapport à 2022, selon les chiffres du ministère du Travail.

Fin novembre 2023, environ 200 000 personnes travaillaient sous le statut de travailleur qualifié qui couvre actuellement 12 secteurs tels que la construction et l’agriculture. Ces travailleurs détiennent le statut de type 1, qui leur permet de travailler au Japon pendant cinq ans maximum.

En réussissant certains examens et qualifications, ces travailleurs peuvent se qualifier pour le statut de type 2. Ils peuvent renouveler leur statut indéfiniment, faire venir des membres de leur famille et éventuellement demander la résidence permanente. Actuellement, le Japon n’en compte que 29.

D’après un article du Japan Times publié le 6 mars 2024, l’Agence des services d’immigration a également annoncé que le gouvernement accorderait aux ressortissants étrangers diplômés d’écoles professionnelles certifiées au Japon un statut de résidence équivalent à celui accordé aux diplômés universitaires.

Actuellement, les étudiants étrangers doivent obtenir un visa dans la catégorie ingénieur ou spécialiste en sciences humaines ou en services internationaux s’ils souhaitent exercer un travail de bureau au Japon après l’obtention de leur diplôme.

Les diplômés des écoles professionnelles deviendront également éligibles à un statut de résidence pour travailler dans le secteur du service à la clientèle.

Selon les estimations de l’agence, ces changements augmenteront d’environ 3 000 le nombre de diplômés étrangers d’écoles professionnelles qui décrocheront un emploi au Japon.

Réponse à la pénurie de main d’œuvre

Pour tenter de faire face à une grave pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement envisage d’ouvrir les conditions d’obtention du visa travailleur qualifié aux secteurs confrontés à une pénurie de main-d’œuvre :

  • Du transport routier ;
  • Des chemins de fer ;
  • De la forêt et du bois.

Le gouvernement prévoit de prendre une décision d’ici la fin du mois d’avril 2024 sur l’élargissement du champ d’action de ces industries.

En effet, selon les estimations du ministère du Travail :

  • La population actuelle du Japon est de 124,35 millions d’habitants, en baisse depuis 13 ans ;
  • La population active du Japon devrait continuer à diminuer de 12 % entre 2022 et 2040, échéance à laquelle on estime que le pays manquera de 11 millions de travailleurs ;
  • La population japonaise est la plus âgée du monde, avec 29 % de personnes âgées de 65 ans ou plus ;
  • Le pays a également l’un des taux de natalité les plus bas au monde, avec seulement 758 631 bébés nés en 2023, un chiffre jamais atteint depuis les premiers recensements au XIXe siècle.