« Un congé de co-parentalité avec maintien intégral du salaire » (Stéphanie Madinier, DRH Barilla)
Par Valerie Grasset-Morel | Le | Fidélisation
Un congé de co-parentalité de 12 semaines, avec maintien intégral du salaire et des avantages sociaux sera instauré à partir du 01/01/2024 dans chaque pays dans lequel est présent le Groupe Barilla. Le point avec Stéphanie Madinier, DRH Barilla Western Europe.
Pourquoi avoir créé un congé de co-parentalité de 12 semaines plus avantageux que le congé paternité français ?
Cela fait plus d’un an que nous réfléchissons, au niveau du Board D&I du Groupe et de la communauté RH, à ce congé qui est une brique supplémentaire de la politique d’égalité entre les femmes et les hommes du Groupe Barilla. En France, nous avons déjà beaucoup travaillé sur l’égalité salariale mais nous voulions aller plus loin sur la notion d’égalité afin de permettre, qu’à l’arrivée d’un enfant, le parent et le co-parent aient du temps à passer avec lui et ce, quelle que soit la nature de la famille et pas forcément la famille traditionnelle.
un congé de co-parentalité plus favorable que le congé accordé en France (28 jours depuis le 01/07/2021) facilite la reprise du travail
Nous sommes présents dans les pays nordiques qui sont plus en avance que nous sur les questions parentales et on s’est rendu compte qu’un congé de co-parentalité plus favorable au congé accordé en France (28 jours depuis le 01/07/2021) facilite la reprise du travail. En France, le premier parent - la mère le plus souvent - ne revient pas vraiment reposée de son congé maternité et le deuxième parent - fréquemment le père - bénéficie certes d’un congé paternité un peu plus long qu’avant 2021 (28 jours vs. 14 jours) mais cela reste court par rapport à l’arrivée d’un enfant, et la rémunération à 100 % n’est pas garantie.
L’idée de créer un congé de co-parentalité de 12 semaines, avec maintien intégral du salaire et des avantages sociaux, est née de ces comparaisons internationales et de la volonté de marquer une nouvelle étape importante dans notre politique Diversité & Inclusion.
Quel type de parent est concerné par ce congé ?
En France, c’est le second parent (quel que soit le modèle familial) qui sera concerné par cette mesure, les mères/premiers parents bénéficiant déjà d’un congé maternité supérieur à 12 semaines, ce qui peut bouleverser les schémas auxquels les DRH sont habituellement confrontés. On peut ainsi imaginer qu’un parent ne puisse pas justifier administrativement du lien de filiation biologique ou adoptif et on l’acceptera. Nous allons plus loin que le schéma actuel du congé paternité pour lequel il faut un lien de filiation.
Que cette initiative vienne d’un groupe familial italien peut surprendre…
Le Groupe Barilla est une entreprise qui défend les valeurs de la famille mais la famille d’aujourd’hui, dans sa diversité. Les questions de la parentalité et de la transmission des valeurs sont très fortes au sein du Groupe mais de nos jours, la parentalité est multiforme et sur ce point, Barilla est assez précurseur. Il s’engage aussi dans la défense des personnes LGBT+. Le Groupe a signé en 2016 la Charte d’engagement de l’Autre Cercle dont le plan d’action est de sensibiliser et former les collaborateurs sur les enjeux de l’orientation sexuelle et de prendre en compte la situation spécifique des personnes LGBT+ dans la GRH (recrutement, congés, mutuelle, prévoyance…).
À partir de quand ce congé entrera-t-il en vigueur ?
Le congé devra être instauré à partir du 01/01/2024 dans chaque pays dans lequel est présent le Groupe. Les RH ont deux mois pour mettre en place ses modalités d’exécution en tenant compte des législations en vigueur et des directives de la politique du Groupe. Sont associés à ce travail les RH et les managers. Les partenaires sociaux seront également impliqués mais on ne sait pas, pour le moment, s’il y aura un accord ou une mission unilatérale de la direction avec une consultation.
un « plus » qu’apporte la direction aux collaborateurs par rapport au cadre légal du pays,
Ce congé, c’est un « plus » qu’apporte la direction aux collaborateurs par rapport au cadre légal du pays, mais il y a un process juridique à définir (délai de prévenance, modalités de prise du congé, etc.). Comme on va « s’accrocher » à la loi française, cela ne va rien changer chez nous pour le congé maternité puisqu’il est de 16 semaines minimum et que le congé de co-parentalité est de 12 semaines minimum. Ce qui va changer, c’est le congé pour le deuxième parent. Quand ce sera possible, il viendra se superposer au congé paternité de quatre semaines et donc permettre au total 12 semaines payées à 100 %.
Dans l’esprit du Groupe, le congé de co-parentalité est à prendre au moment de l’évènement et idéalement en une fois. Il nous arrivera de le scinder pour des cas exceptionnels.
Est-ce que ce congé est un levier d’attractivité de nouveaux talents ?
une telle mesure peut en effet attirer de nouveaux candidats
Les deux réflexions, sur le congé de co-parentalité et sur l’attractivité ne sont pas liées car la première se rattache à la réflexion du Groupe Barilla sur le mieux-être des collaborateurs, la qualité du travail comme la qualité de sa production qui a été lancée il y a dix ans. Mais une telle mesure peut en effet attirer de nouveaux candidats séduits par la politique du Groupe en faveur de l’égalité femmes/hommes, de la diversité, de l’équilibre vie privée/vie professionnelle et de la qualité de vie au travail.
Cette politique en faveur de la famille est dans l’ADN des trois frères Barilla dont l’entreprise porte le nom. Ils veulent rapprocher les gens d’une nourriture de qualité fabriquée et commercialisée par les salariés qui travaillent dans de bonnes conditions. C’est cette réputation qui attire les candidats.
Quels sont les postes les plus en tension ?
Il s’agit principalement des postes de maintenance dans les usines, chez Barilla comme partout. Nous avons également plus de mal qu’avant à trouver des jeunes qui acceptent de devenir opérateurs, même si le Groupe leur propose un véritable ascenseur social pour devenir chef d’équipe par exemple. Cela nécessite un engagement en travail posté et aujourd’hui, comme dans toute l’industrie, il est compliqué de trouver du personnel.
Sur 1 000 salariés dans les usines, près de 40 % partiront à la retraite dans les dix prochaines années
L’ancienneté chez Barilla France est supérieure à 17 ans. Sur 1 000 salariés dans les usines, près de 40 % partiront à la retraite dans les dix prochaines années. Face à cela, on a beaucoup plus de mal que par le passé à attirer et fidéliser les jeunes, alors qu’avant les salariés restaient chez Barilla 40 ans.
Nous avons également des difficultés sur les postes de jeunes commerciaux. Être responsable d’une zone avec plusieurs grandes surfaces, ce sont des contraintes. Il faut aller faire les ouvertures avant magasin à six heures du matin trois jours par semaine, ce qui n’attire pas les jeunes qui sortent d’école de commerce. Ils n’ont plus trop envie de commencer par trois années sur le terrain.
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