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Rémunération des cadres : la hausse se poursuit mais les inégalités femmes-hommes persistent

Par Alban Garel | Le | Salaires

Les augmentations des cadres sont reparties à la hausse en 2022 confirmant le mouvement initié en 2021 après 3 ans de stagnation : la proportion de cadres ayant bénéficié d’une augmentation a fortement progressé (57 %, +11 pts vs 2021), d’après le baromètre 2023 de la rémunération des cadres publié par l’Apec le 19 juin 2023.

L’augmentation des salaires observée en 2021 s’est également poursuivie. Ainsi, la rémunération annuelle brute médiane (fixe + variable) des cadres a progressé en 2022 de 2 % pour s’établir au 31 décembre à 52.000 €

Pour autant, ce constat masque une injustice, les femmes cadres continuent à être moins augmentées que les hommes cadres (54 % vs 59 %) et moins rémunérées. Les écarts de salaires entre femmes et hommes cadres évoluent peu, y compris à poste équivalent.


Rémunération des cadres : la hausse se poursuit mais les inégalités femmes-hommes persistent
Rémunération des cadres : la hausse se poursuit mais les inégalités femmes-hommes persistent

La part des cadres ayant bénéficié d’une augmentation atteint un niveau record

Rémunération pour l’ensemble des cadres en 2022 - © Apec
Rémunération pour l’ensemble des cadres en 2022 - © Apec

  • Après une année 2021 de rattrapage, les volumes de recrutements de cadres ont à nouveau nettement progressé en 2022 (+15 %). Ils atteignent ainsi un niveau record dépassant ceux d’avant la crise sanitaire : 308.300 cadres ont été recrutés en 2022 contre 281.300 en 2019 ;

  • Dans ce contexte marqué par le dynamisme du marché de l’emploi cadre, conjugué à une forte inflation qui s’est traduite par des augmentations compensatoires, la rémunération brute des cadres a augmenté en 2022 ;

  • Après trois années de stagnation, l’augmentation des salaires observée en 2021 s’est poursuivie en 2022. Ainsi, la rémunération annuelle brute médiane (fixe + variable) des cadres a progressé en 2022 de 2 % pour s’établir au 31 décembre à 52.000 €. Toutefois, malgré cette augmentation, une partie des cadres a perdu en pouvoir d’achat en raison de la forte inflation (5,2 % en 2022) ;

  • La proportion de cadres ayant bénéficié d’une augmentation a quant à elle, fortement augmenté (57 %, +11 pts vs 2021) dépassant largement son niveau d’avant la crise sanitaire (48 %) ainsi que le record de 2018 (51 %).

De nombreuses entreprises confrontées à des difficultés de recrutement toujours plus prégnantes et à une inflation très élevée ont consenti à des efforts sur le salaire, notamment en renforçant les enveloppes dédiées aux augmentations pour retenir et attirer des cadres.

Changer de poste, reste une stratégie payante pour les cadres

Part de cadres augmentés selon les changements de poste en 2022 - © Apec
Part de cadres augmentés selon les changements de poste en 2022 - © Apec

  • La mobilité professionnelle continue d’être une stratégie payante pour les cadres, qu’il s’agisse de mobilité interne ou de mobilité externe. En effet, 72 % de ceux qui ont connu une promotion interne et 74 % de ceux ayant changé d’entreprise (sans période de chômage) ont été augmentés en 2022, tandis que seuls 55 % des cadres n’ayant pas évolué en interne l’ont été ;

  • Les augmentations des cadres restés dans la même entreprise retrouvent une forte dynamique après avoir été bridées durant la crise sanitaire. La part des cadres augmentés est ainsi en hausse de 13 points en 2022 pour les cadres restés dans le même poste et de 9 points pour les cadres ayant changé de poste en interne ;

  • Pour ces cadres, l’année a en effet été marquée par une hausse importante des augmentations individuelles mais surtout collectives. Dans un contexte de forte inflation, 39 % d’entre eux ont obtenu une augmentation individuelle (+6 pts par rapport à 2021) et 24 % une augmentation collective (+10 pts).

Les inégalités salariales entre femmes et hommes cadres persistent

Rémunération selon le genre - © D.R.
Rémunération selon le genre - © D.R.

  • La part de femmes cadres ayant bénéficié d’une augmentation de leur rémunération a fortement progressé en 2022 (+10 pts), au même titre que celle des hommes (+11 pts). Mais en 2022, comme lors des années précédentes, les femmes cadres ont été un peu moins nombreuses que leurs homologues masculins à bénéficier d’une augmentation (54 % vs 59 %), en particulier chez les jeunes cadres (62 % vs 70 %) ;

  • Aussi, la rémunération annuelle brute médiane des femmes a progressé en 2022 pour atteindre 48.000 €, soit un différentiel de 15 % par rapport à celle des hommes cadres (55.000 €). Stable depuis des années, cet écart de 15 % continue à augmenter avec l’âge. De 6 % chez les moins de 35 ans, il atteint en effet 19 % chez les 55 ans et plus ;

  • À « profil et poste équivalents », les hommes cadres gagnaient en 2022 encore 7,1 % de plus que les femmes cadres. Cet écart de rémunération « toutes choses égales par ailleurs », qui peut pour partie résulter de comportements discriminatoires de la part des employeurs, est là aussi relativement stable. Il oscille entre 7 % et 8 % depuis qu’il est mesuré par l’Apec (en 2014).

Calcul de l'écart de rémunération à « profil et poste équivalents »

• Pour calculer un écart « à profil et poste équivalents » ou « toutes choses égales par ailleurs », une modélisation statistique est nécessaire. La méthode ANOVA, utilisée ici, décompose la rémunération en facteurs explicatifs.

•  Le modèle estime pour chaque femme (respectivement pour chaque homme) de l’échantillon, le salaire « théorique » qu’elle (il) aurait touché en étant un homme (une femme), d’après les caractéristiques de l’emploi occupé (secteur, région, taille d’entreprise, fonction, encadrement, etc.) et de l’individu (âge, diplôme, etc.). L’écart global à caractéristiques égales est ensuite déduit de ces écarts théoriques de salaire.