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Recrutement cadre : face aux difficultés, les entreprises font un effort sur la rémunération

Par Alban Garel | Le | Salaires

Les recrutements de cadres devraient toujours se situer à un niveau très élevé en 2023. Dans ce contexte, les difficultés de recrutements devraient persister : plus de 8 entreprises sur 10 qui envisageaient de recruter des cadres au 2e trimestre anticipaient des difficultés de recrutement d’après une étude publiée par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) début mai.

Face à ces difficultés croissantes de recrutement, les entreprises s’adaptent. 62 % d’entre elles ont ainsi révisé à la hausse la rémunération initialement prévue. Les grandes entreprises, disposant de davantage de marges de manœuvre, ont été plus nombreuses à utiliser le levier de la rémunération en 2022 (76 %).

Les ajustements sur les conditions d’emploi (horaires, possibilités de télétravail, etc.) du candidat finalement retenu sont moins fréquents, mais ne sont pas marginaux.

Recrutement cadre : face aux difficultés, les entreprises font des efforts sur la rémunération - © D.R.
Recrutement cadre : face aux difficultés, les entreprises font des efforts sur la rémunération - © D.R.

Les embauches de cadres continuent d’augmenter et les difficultés de s’intensifier

Difficultés de recrutement cadre dans les entreprises - © Apec
Difficultés de recrutement cadre dans les entreprises - © Apec

  • Dans un marché de l’emploi cadre très dynamique avec des volumes de recrutements en progression, les difficultés de recrutement, qui étaient reparties à la hausse en 2021, continuent de s’accentuer dans toutes les entreprises quelle que soit leur taille, dépassant leur niveau d’avant crise.

  • Ainsi, 64 % (+ 14 pts vs 2021) des entreprises considèrent qu’une partie au moins de leurs recrutements de cadres ont été difficiles en 2022 alors qu’elles n’étaient que 48 % dans ce cas en 2019. In fine, en 2022, parmi les entreprises ayant essayé de recruter, 26 % ont dû abandonner au moins une embauche de cadre, autant qu’un an plus tôt.

  • En conséquence, les délais de recrutement se sont encore allongés : la durée moyenne du dernier recrutement de cadre, qui avait augmenté de 9 à 11 semaines entre 2020 et 2021, a atteint 12 semaines en 2022.

  • Cette hausse est plus prononcée dans les grandes entreprises et concerne particulièrement le secteur de la construction et de l’ingénierie R&D. Dans ces deux secteurs, la part d’entreprises ayant mis plus de 16 semaines pour faire aboutir le dernier recrutement de cadre est respectivement de 37 % (+18 pts) et 25 % (+14 pts), contre 19 % (+3 pts) en moyenne.

Pour faire aboutir leurs recrutements, les entreprises consentent à des ajustements sur la rémunération …

Part des entreprises ayant réalisé au moins une fois ces ajustements pour faire aboutir un recrutement de cadre - © Apec
Part des entreprises ayant réalisé au moins une fois ces ajustements pour faire aboutir un recrutement de cadre - © Apec

  • Dans ce contexte de difficultés, les entreprises ont continué à s’adapter pour mener à bien leurs embauches et optimiser la durée du processus de recrutement. Ainsi, en 2022, la quasi-totalité des entreprises a consenti à des ajustements (91 % vs 84 % en 2021), au premier rang desquels la révision à la hausse de la rémunération initialement prévue, et ce pour 62 % des entreprises (vs 55 % en 2021).

  • Par ailleurs, près de huit entreprises sur dix ont consenti à des ajustements portant sur le profil du candidat finalement retenu (81 % vs 74 % en 2021). Il s’agit le plus souvent de recruter un cadre ayant moins de compétences techniques (51 %, +4 pts) ou moins d’expérience (50 %, +4 pts) qu’initialement souhaité. Ces ajustements en faveur d’un profil plus junior ont été plus fréquents dans les secteurs où les difficultés de recrutement sont particulièrement aiguës, comme dans les activités informatiques (65 %) et l’ingénierie R&D (63 %).

  • Si les entreprises sont disposées à recruter des cadres n’ayant pas le niveau d’expérience souhaité, elles s’avèrent plus réticentes à embaucher des cadres n’ayant pas le diplôme demandé, qu’il s’agisse du type de diplôme ou de son niveau. Seules 31 % d’entre elles ont consenti à cet ajustement en 2022 (vs 30 % en 2021).

… et semblent même prêtes à réviser parfois les conditions d’emploi

Part des entreprises prêtes à réaliser ces ajustements sur les conditions d’emploi pour faire aboutir un recrutement difficile - © Apec
Part des entreprises prêtes à réaliser ces ajustements sur les conditions d’emploi pour faire aboutir un recrutement difficile - © Apec

  • Les ajustements sur les conditions d’emploi (horaires, possibilités de télétravail, etc.) du candidat finalement retenu sont moins fréquents mais ne sont pas marginaux. En effet, pour faire aboutir un recrutement difficile, 4 entreprises sur 10 seraient disposées à accepter que le candidat retenu travaille à temps partiel ou qu’il ou elle bénéficie d’avantages supplémentaires comme une voiture de fonction.

  • Les entreprises sont un peu moins enclines à accorder plus de jours de télétravail que prévu (30 %) et repoussent largement l’idée de raccourcir voire de supprimer la période d’essai (18 %). Les entreprises, notamment les plus grandes d’entre elles, peuvent en effet difficilement offrir aux nouveaux arrivants des avantages qu’elles n’accordent pas à l’ensemble de leurs salarié.es ou qui dérogent aux accords d’entreprises.

Ces résultats démontrent que, dans un contexte de forte tension, les actions des entreprises pour faire aboutir les recrutements de cadres dépassent largement le processus de recrutement en lui-même et peuvent aller jusqu’à des ajustements importants quant au poste proposé.

Concepts clés et définitions : #Processus de recrutement