Stratégie

Japon : le gouvernement demande aux employeurs de garantir suffisamment de repos aux salariés

Par Agnès Redon | Le | International

Au Japon, le huitième rapport du ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales sur les décès des travailleurs dus au surmenage (karoshi) a été rendu public en octobre 2023. L’objectif est l’amélioration de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée des travailleurs.

Japon : le gouvernement demande aux employeurs de garantir suffisamment de repos aux salariés - © D.R.
Japon : le gouvernement demande aux employeurs de garantir suffisamment de repos aux salariés - © D.R.

Ce rapport annuel est obligatoire depuis la loi de 2014 et vise la prévention des décès et des accidents du travail dus au surmenage.

Le karoshi est le plus souvent causé par des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux liés au surmenage, ainsi que par des suicides dus au stress lié au travail.

Certains cas de karoshi font régulièrement la une des journaux nationaux. Par exemple, les autorités japonaises ont reconnu en 2017 que Miwa Sado, une journaliste de 31 ans décédée en 2013, souffrait d’insuffisance cardiaque suite à de longues heures de travail. Elle avait effectué 159 heures supplémentaires au cours du mois précédant son décès, selon la NHK, la chaîne nationale japonaise pour laquelle la journaliste travaillait.

Un rapport rendu en 2016 au Premier ministre Shinzo Abe révélait l’ampleur de ce problème :

  • Un Japonais sur cinq risque de mourir à cause du surmenage au travail ;
  • Pour plus de 20 % des entreprises interrogées entre décembre 2015 et janvier 2016, certains de leurs employés accomplissaient plus de 80 heures supplémentaires par mois. C’est la limite à partir de laquelle le risque de karoshi augmente.

Des heures de sommeil insuffisantes

Ce rapport rend notamment compte des heures de sommeil des travailleurs indépendants et des salariés et la manière dont cela affecte leur santé. En effet, d’après le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales, quand l'écart entre la quantité de sommeil souhaitée et la quantité de sommeil est supérieur à deux heures par jour, cela entraîne certains problèmes de santé, parmi lesquels :

  • La somnolence diurne ;
  • Des difficultés de concentration ;
  • Des troubles digestifs et intestinaux ;
  • Des troubles mentaux tels que la dépression et l’anxiété.

Le rapport montre que, malgré les améliorations apportées depuis 2014 par le gouvernement pour sensibiliser davantage au surmenage, la santé de nombreux travailleurs reste une préoccupation nationale majeure. Dans le détail, sur 10 000 personnes interrogées, le rapport relève que :

  • 90 % des travailleurs estiment avoir besoin d’au moins six heures de sommeil par nuit, mais seulement la moitié déclarent pouvoir dormir autant ;
  • 78 % de ceux qui travaillent 60 heures ou plus par semaine déclarent ne pas dormir suffisamment, contre :
    • 56 % de ceux qui travaillent moins de 20 heures,
    • 64,5 % de ceux qui travaillent entre 20 et 40 heures,
    • 71,1 % de ceux qui travaillent entre 40 et 60 heures.

Appel du gouvernement aux employeurs

Dans ce rapport, le ministère de la Santé, du Travail et des Affaires sociales a ainsi appelé les employeurs à garantir un « nombre d’heures de repos suffisant » à leurs salariés. Bien que la loi japonaise prévoie un repos quotidien obligatoire, elle ne précise pas de nombre d’heures précis pour l’intervalle.

Par exemple, en France, le salarié bénéficie d’un repos quotidien d’au moins 11 heures consécutives entre deux journées de travail.

Dans une étude menée en 2022 par le ministère japonais de la Santé, du Travail et des Affaires sociales auprès d’environ 6 300 entreprises, 17,1 % des personnes interrogées déclaraient qu’elles n'étaient pas au courant des règles d’intervalle, contre 15,4 % l’année précédente, malgré l’objectif du gouvernement de réduire le pourcentage de ces employeurs à 5 % d’ici 2025.