Stratégie

Argentine : suspension des réformes du droit du travail de Javier Milei

Par Agnès Redon | Le | International

Le 3 janvier 2024, la Chambre nationale du travail a annoncé suspendre un ensemble de réformes du droit travail annoncées par Javier Milei, le président argentin au pouvoir depuis décembre.
Pour la justice, il n’y a aucune urgence à publier un décret sur le droit du travail.

Argentine : les réformes du droit du travail de Javier Milei sont suspendues - © D.R.
Argentine : les réformes du droit du travail de Javier Milei sont suspendues - © D.R.

Les réformes du droit du travail argentin telles qu’annoncées par Javier Milei et désormais gelées prévoient notamment :

  • L’extension de la période d’essai de trois à huit mois ;
  • La baisse des indemnités en cas de licenciement ;
  • Des limites au droit de grève ;
  • La possibilité de licenciement en cas de blocage ou d’occupation du lieu de travail ;
  • La durée du congé maternité raccourci.

L’instance argentine du droit du travail, la Chambre nationale du travail, avait été saisie par la Confederación General del Trabajo (CGT, Confédération générale du travail), la plus grande centrale syndicale du pays. Dans son verdict, la chambre a pris « une mesure conservatoire suspendant l’applicabilité » du décret du 20 décembre 2023, en attendant un examen législatif de fond.

Alejandro Sudera, l’un des trois juges, a remis en question la « nécessité » et « l’urgence » du décret. Il a déclaré que ces changements dans le domaine du travail devaient d’abord être examinés et approuvés par le Parlement.

Pour protester contre ces mesures, 25.000 personnes avaient manifesté le 20 décembre 2023 à Buenos Aires. Les manifestants ne pouvaient plus manifester sur la chaussée mais sur le trottoir, pour ne pas couper la circulation, sous peine de sanction.

« Un traitement de choc » 

Ces réformes du droit du travail s’inscrivent la volonté du président argentin de modifier ou abroger plus de trois cents normes sur le travail, mais aussi sur l’encadrement des prix et des loyers, les exportations et les importations.

Pour Javier Milei, ce « méga décret » permet « la reconstruction du pays, rendre la liberté et l’autonomie aux individus et commencer à désarmer l’énorme quantité de régulations qui a retenu, entravé et empêché la croissance économique ».

Après avoir prêté serment le 10 décembre 2023, il avait promis aux Argentins, dont 40 % de la population vit dans la pauvreté, un « traitement de choc » selon lui nécessaire pour sortir le pays de la crise économique.

Dans un discours du 31 décembre 2023, le président avait également averti les Argentins opposés à son programme de réformes qu’il y aurait « une catastrophe sociale aux proportions bibliques » si ses propositions étaient bloquées.

Dénonciations d’une atteinte aux droits fondamentaux des travailleurs

Les syndicats et les groupes de gauche du pays sont opposés à la politique menée par le président argentin, affirmant que ses projets démantelaient les droits durement acquis des travailleurs.

La CGT a appelé à une grève générale et à la mobilisation le 24 janvier 2024, estimant que les réformes portées par Javier Milei portent atteinte aux protections fondamentales des travailleurs.