Stratégie

Angleterre : British Telecom prévoit de supprimer 55 000 postes sur 130 000 et mise sur l’IA

Par Agnès Redon | Le | International

L’opérateur téléphonique britannique British Telecom (BT) a annoncé le 18 mai 2023 qu’il allait supprimer jusqu'à 55 000 emplois d’ici 2030. Plus de 10 000 postes seront remplacés par de l’intelligence artificielle (IA).

Angleterre : BT annonce supprimer 55 000 emplois et miser sur l’intelligence artificielle - © D.R.
Angleterre : BT annonce supprimer 55 000 emplois et miser sur l’intelligence artificielle - © D.R.

Dans le détail, ce plan de départs concernera 55 000 emplois d’ici à 2030, soit environ 42 % de ses effectifs actuels (130 000) y compris des sous-traitants. D’après le quotidien le Daily Mail, il s’agit de supprimer des emplois au profit d’une « automatisation » accrue au cours des sept prochaines années.

La « grande efficacité de l’IA »

« Pour une entreprise comme British Telecom, l’intelligence artificielle représente une grande opportunité d’efficacité. La main-d’œuvre sera beaucoup plus restreinte et les coûts considérablement réduits », a annoncé Philip Jansen, directeur général de BT Group, en dévoilant son plan de réduction du personnel. Cette stratégie de réduction des coûts engagée en 2020 a déjà généré à ce jour 2,1 milliards de livres (2,4 milliards d’euros) d’économies.

Le 16 mai 2023, soit deux jours plus tôt, son concurrent Vodafone dévoilait également un plan d’économie de 11 000 suppressions d’emplois sur trois ans, sur un total d’environ 100 000 salariés actuellement. Plus tôt dans le mois, le géant américain de l’informatique IBM annonçait qu’il prévoyait de geler les embauches de 8 000 emplois remplaçables par l’intelligence artificielle au cours des cinq prochaines années, notamment sur 30 % de ses 26 000 postes administratifs. 

D’après une étude de la banque américaine Goldman Sachs publiée en mars 2023, 300 millions d’emplois dans le monde pourraient disparaître à la faveur du développement de l’intelligence artificielle.

Inquiétudes sur le recours à l’intelligence artificielle

Philip Jansen a expliqué que c’est le passage du réseau fixe vers la fibre optique qui nécessitera « moins de main-d’œuvre ».

Par ailleurs, les postes susceptibles d'être remplacés par l’IA chez British Telecom concernent le service client et des emplois dans la vente. Ces emplois seront remplacés par un chatbot appelé Aimee. Le PDG compte également sur le recours aux applications utilisant l’IA, « qui contribueront, à terme, à créer des emplois. Nous n’allons pas être dans une situation où les gens auront l’impression d’avoir affaire à un robot », a-t-il déclaré. « Nous sommes en ligne, nous avons 450 magasins au Royaume-Uni, cela ne va pas changer pour les clients. »

Philip Jansen a également estimé que le recours à l’IA « allait être aussi important que le développement d’internet et des téléphones portables. De nombreux nouveaux services, applications, innovations et produits émergeront de cette IA. British Telecom pourra ainsi y participer ».

Communication Workers Union, le syndicat le plus important dans le groupe et qui représente 40 000 salariés de Bristish Telecom a exprimé ses inquiétudes, notamment sur l’impact du recours à l’intelligence artificielle sur les relations humaines : « Priver les clients et la communauté au sens large de la possibilité d’accéder à un humain pour parler de leurs problèmes est un mauvais choix. »

Concernant la suppression des emplois, le syndicat a déclaré ne pas être surpris par l’annonce du PDG mais souhaite cependant « préserver le plus d’emplois possible, notamment par des départs naturels non remplacés et une diminution du recours à la sous-traitance. »