Stratégie

Allemagne : Les salariés n’ont jamais été aussi peu investis (Gallup Engagement Index Germany)

Par Agnès Redon | Le | International

Selon une étude publiée le 24 mars 2024 et menée par l’entreprise de conseil en management Gallup Engagement Index Germany chaque année depuis 2001, seuls 14 % des salariés allemands se disent très attachés à leur entreprise en 2023.

Allemagne : la motivation des salariés est au plus bas (Gallup Engagement Index Germany) - © D.R.
Allemagne : la motivation des salariés est au plus bas (Gallup Engagement Index Germany) - © D.R.

Ce que révèle l'étude

Dans le détail, l'étude révèle notamment que :

  • Une tendance négative se poursuit avec plus de 7,3 millions de salariés allemands « activement désinvestis ». Cela signifie qu’ils ne se sentent pas émotionnellement connectés à leur employeur et effectuent le minimum de travail possible, précise l'étude ;
  • 14 % des salariés allemands sont très investis, contre 13 % en 2022;
  • Un record de salariés, soit 45 %, sont à la recherche d’un emploi ou ouverts à de nouvelles opportunités, contre 42 % en 2022 ;
  • Alors qu’en 2018 65 % des personnes affirmaient qu’elles voulaient continuer à travailler pour leur employeur actuel dans trois ans, ce chiffre n’a cessé de baisser au fil des années pour atteindre 40 % en 2023 ;
  • 71 % considèrent qu’il est temps de chercher un nouvel emploi contre 81 % en 2022. Parmi eux, 25 % déclarent avoir reçu une offre d’emploi au cours des 12 derniers mois, contre 31 % en 2021 et 27 % en 2022 ;
  • Moins de la moitié (40 %) ont pleinement confiance dans l’avenir financier de leur employeur, contre 55 % en 2020.

Ce désinvestissement n’est pas seulement un problème pour la performance et la compétitivité des entreprises mais aussi pour l’économie allemande. Ainsi, en 2023, le coût économique estimé causé par le désinvestissement des salariés et la perte de productivité est estimé entre 132,6 milliards et 167,2 milliards d’euros, selon l'étude.

« Une négligence dans la gestion des ressources humaines »

Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre en Allemagne, le recrutement devient de plus en plus complexe et coûteux, indique l'étude.

« Le mauvais management commence à avoir des conséquences sur la réussite des entreprises », analyse Marco Nink, directeur de recherche chez Gallup dans le rapport de l'étude.

Pour le directeur de recherche, les managers négligent souvent la gestion des ressources humaines face à la gestion des coûts et des crises. Le facteur déterminant dans la volonté des salariés de changer d’emploi est leur expérience avec le management.

En effet, seuls 22 % des salariés sont pleinement satisfaits de leur manager direct, contre 25 % en 2022. Les salariés n’ont pas l’impression que les managers reconnaissent et valorisent leurs forces : seuls 27 % déclarent que leur manager se concentre sur leurs points forts au quotidien. 

Sur ce point, les résultats de l’étude montrent en effet que :

  • 40 % des salariés qui sont chez leur employeur depuis moins de 12 mois sont prêts à partir.
  • Parmi eux, 15  % recherchent activement un nouvel emploi, tandis que 25 % sont ouverts à nouvelles opportunités.
  • Parmi les nouvelles recrues, moins de la moitié (48 %) ont pleinement l’intention de continuer à travailler avec leur employeur actuel dans un an.
  • Seulement 29 % d’entre eux recommanderaient leur entreprise à des amis ou à des membres de la famille.

L’investissement lié à une bonne intégration dans l’entreprise

Une intégration inadaptée peut être un facteur contribuant à ces résultats, précise l'étude. En effet, seuls 22 % des salariés évaluent le processus d’intégration de leur employeur comme « excellent ».

« Une bonne intégration augmente non seulement la productivité des nouveaux salariés, mais elle leur permet également de créer dès le départ un lien émotionnel avec l’organisation. Cela a des conséquences sur les nouvelles recrues qui restent plus longtemps et qui recommanderont plus volontiers l’entreprise. Malheureusement, de nombreux managers ne s’impliquent pas suffisamment dans ce processus important », regrette Marco Nink.