Premiers pas en entreprise : « Des jeunes cadres en demande de repères » (Apec)
Par Alban Garel | Le | Onboarding
Si le monde du travail se révèle globalement moins sérieux et exigeant que les jeunes cadres ne l’ont imaginé, il est aussi source de nombreuses expériences inattendues et déstabilisantes, d’après une étude récente de l’Apec.
Les difficultés des jeunes cadres dépassent le moment de la prise de poste. Elles interviennent en amont (lors de la recherche d’emploi), pendant l’intégration, mais aussi au moment des premières demandes d’évolution professionnelle et de la première démission.
Pour être mieux armés en début de carrière, les jeunes cadres recherchent principalement 3 types de repères :
• Le cadre formel du monde du travail,
• Les codes informels et les usages,
• Des interlocuteurs pour jouer le rôle de personnes repères.
Les premiers pas en entreprise peuvent s’avérer difficiles et anxiogènes pour les jeunes cadres
- La découverte du monde professionnel est fréquemment source d’étonnement pour les jeunes cadres et certaines de leurs idées reçues se voient infirmées. Ces jeunes se représentent le plus souvent un monde du travail particulièrement exigeant, dans lequel le ou la salariée est en permanence tenu à une performance irréprochable. À cet égard, les premières expériences sont souvent rassurantes : les jeunes cadres découvrent qu’ils ont le droit à l’erreur et que l’apprentissage fait partie intégrante de leur parcours.
- L’ambiance de travail, qu’ils projettent comme très adulte et sérieuse, se révèle, elle aussi, plus agréable qu’ils ou elles ne l’avaient envisagé : les temps conviviaux, informels et les bonnes relations avec certains collègues constituent autant de révélations positives.
- Malgré ces bonnes surprises, le monde du travail peut se révéler décevant et déstabilisant pour nombre de jeunes cadres. À la multiplicité des nouveautés qu’ils doivent appréhender simultanément(missions, équipe, processus et outils de l’entreprise, etc.) s’ajoute la méconnaissance des codes formels et informels, qui complique d’autant plus leur intégration.
Pour être mieux armés en début de carrière, 3 types de repères sont recherchés par les jeunes cadres
Un besoin de repères sur le cadre formel du monde de l’entreprise
- Les jeunes cadres ont exprimé un net besoin d’informations pour mieux appréhender le fonctionnement du monde du travail, notamment d’un point de vue légal et administratif. Il s’agit en premier lieu de comprendre certains éléments clés constitutifs du statut de salarié. Nombre de jeunes méconnaissaient en effet le système d’imposition, de cotisations sociales, de prise de congés ou encore d’arrêts maladie. Les éléments constitutifs d’un contrat de travail cadre (forfait jours vs. forfait heures, période d’essai, rémunération variable, etc.) posent aussi question.
- Davantage connues, ces informations leur permettraient de mieux se positionner, mais aussi de se protéger en cas de non-conformité. Le droit du travail, les conventions collectives, les avantages salariaux, les horaires légaux sont à cet égard des sujets importants mais mal maîtrisés par les jeunes cadres. Certains souhaiteraient également disposer d’informations précises sur les possibilités d’action concrète face aux situations graves dont ils peuvent être victimes ou témoins, notamment lorsqu’il s’agit de harcèlement ou de sexisme.
Un besoin de repères sur les codes informels et les usages
- Pour s’intégrer et évoluer dans le monde professionnel, les jeunes cadres reconnaissent aussi la nécessité de comprendre et d’intégrer les codes informels propres au monde du travail et à la vie en entreprise. Certains codes reposent en effet sur des règles implicites - liées à des cultures d’entreprise -qui sont rarement énoncées clairement et dont les jeunes cadres n’ont alors pas conscience. Les spécificités des postes de cadre (organisation autonome de ses tâches, travail en mode projet, etc.) rendent cet aspect encore plus important.
- Par exemple, la question des horaires à respecter, alors même que nombre de ces jeunes cadres disposent d’un contrat au forfait jours, cristallise beaucoup d’interrogations. Certains codes informels sont également difficiles à appréhender dans les premiers temps, que ce soit la tenue vestimentaire ou l’attitude à adopter en cas de conflit. Le relationnel avec les collègues - notamment les plus âgés - est aussi un sujet de questionnement majeur. Ils s’interrogent en effet sur le niveau de proximité/connivence adéquat, les sujets qu’ils peuvent aborder ou non, la confiance à leur accorder.
- Les jeunes cadres débutant dans la vie professionnelle relatent également le besoin de mieux connaître les usages propres à l’entreprise dans laquelle ils évoluent, notamment concernant les outils et les processus (de production, de communication interne, RH, etc.). La maîtrise de ces usages est jugée cruciale pour mener à bien leurs missions comme pour obtenir une évolution professionnelle.
Un besoin d’interlocuteurs privilégiés qui joueraient le rôle de personnes repères
- Afin de mieux s’orienter, d’avoir la possibilité d’échanger sur l’ensemble des premiers pas et, ainsi, de favoriser leur intégration, les jeunes cadres voudraient pouvoir se tourner vers des personnes référentes. Ils expriment le souhait d’avoir la possibilité de les contacter occasionnellement en cas de nécessité, mais aussi de bénéficier d’un soutien continu qui se déploierait sur le long terme. Ces personnes repères sont envisagées à la fois en interne (dans l’entreprise) et en externe.
- Au sein de l’entreprise : les jeunes cadres sont en attente d’un accompagnement régulier sur des besoins propres à leur métier et aux spécificités de l’entreprise. Sont à cet égard attendus des accompagnants de type buddy et/ou mentor, qui apporteraient du conseil aux jeunes cadres lors de leur intégration au sein de l’entreprise, mais aussi plus largement lorsqu’un besoin est exprimé, particulièrement dans les grandes entreprises.
- Selon ces jeunes cadres, ces accompagnants pourraient leur permettre de mieux comprendre certaines situations et de savoir quelles postures adopter. Cela vaut particulièrement pour les codes implicites, ceux-ci étant fréquemment dépendants des situations et des contextes.