« Il faudra réfléchir à de nouveaux contrats de travail » (Karine Goemaere, Swiss Life France)

Quel est votre regard sur l’évolution de votre métier ?

Il aura de plus en plus de turn-over dans les entreprises car la jeune génération sera plus encline à vivre plusieurs vies professionnelles à la fois. L’entreprenariat sera davantage prégnant dans les années à venir ou alors le travail avec deux mi-temps pour deux sociétés différentes. Cette nouvelle génération aspire à plus de liberté nous allons devoir gérer ça.

Malgré l’expérience vécue lors de la Covid, je reste toujours autant passionnée par mon métier car je ne pensais pas vivre une telle révolution. Nous avons gagné 10 ou 15 ans sur la mise en œuvre du télétravail. Le télétravail était impensable pour certaines entreprises avant 2020 et aujourd’hui, elles ne peuvent plus fonctionner sans, même si certaines reviennent en arrière, comme c’est le cas en Angleterre ou aux États-Unis. Mais cela me paraît compliqué avec la jeune génération qui arrive.

Pourquoi est-ce une révolution ?

C’est une révolution car le code du travail ne répond pas à toutes ces évolutions. Le télétravail, par exemple, n’est pas du tout régi par le Code du travail. Pour un accident de travail au domicile du collaborateur, par exemple, nous attendons les jurisprudences à ce sujet.

Nous sommes obligés de travailler avec ces nouvelles normes. La jeune génération ne cherche plus forcément un CDI. Il faudra réfléchir à de nouveaux contrats de travail. Ce sera l’un de nos enjeux. Il faudra être créatif pour les attirer mais aussi les garder car nous constatons qu’au bout d’un ou deux ans, les jeunes s’interrogent déjà ce qu’ils feront demain.

J’ai une fille de 19 ans qui me demande : « tu n’en as pas assez d’être dans les RH depuis 25 ans ? » J’ai changé de secteur, j’ai l’impression de changer de métier à chaque fois. C’est ce qui est passionnant dans la fonction RH. Mais comme les jeunes ont la bougeotte, nous devons rester éveillés et en action sur de nombreux sujets : la RSE, la diversité, l’inclusion. Swiss’L, par exemple, est une communauté que nous avons créée afin de promouvoir la mixité et l’égalité professionnelle au sein de l’entreprise ; elle s’inscrit dans notre démarche diversité et inclusion.

Quel est votre avis sur la semaine de 4 jours ? 

Je ne suis pas certaine que nous soyons prêts au niveau de la société au passage à la semaine de 4 jours. Mais d’un point de vue personnel, je pense que c’est un dispositif incontournable auquel il faudra réfléchir. Cela requiert de l’organisation car l’objectif est de maintenir un service sur cinq jours avec un roulement. Aujourd’hui, nous n’avons pas encore toutes les réponses à ce mode de fonctionnement. Mais je suis d’accord que la nouvelle génération sera attirée par ce dispositif.

Quelle est votre actualité ?

Une nouvelle direction au sein de la DRH  : La Direction de la transformation culturelle

Nous créons une nouvelle direction au sein de la DRH qui s’appellera Direction de la transformation culturelle. Elle englobera la culture d’entreprise, l’expérience collaborateur, et tous les projets de transformation à tous les niveaux de l’entreprise. Cette direction travaillera en transverse avec les directions sur la façon d’accompagner nos transitions et projets de transformation. Par exemple, nous avons deux projets de déménagement, un nouveau changement de système d’information à l'échelle de l’entreprise. Au niveau RH, il faudra trouver aussi des solutions pour accompagner nos managers sur le mode hybride afin de l’améliorer. Enfin, en tant qu’employeur responsable, nous allons poursuivre la mise en œuvre de notre politique afin de développer des actions en faveur de la diversité et de l’inclusion.